Il était une fois la dictée...

 








Il était une fois la dictée...

Nous posions nos porte plumes dans la grosse rainure de 

bois devant nous, nous croisions les bras et nous écoutions . .

- Le texte de la dictée était lue d’une voix sûre et claire, à 

vitesse mesurée. 

-La mélodie de la phrase se dessinait déjà quand la maîtresse

 reprenait son souffle, nous sentions la virgule quand  l intonation

 baissait. nous sentions venir le point.  .

-S’arrêtait-elle dans sa descente? ...un point virgule.

-Remontait elle ?...un point d’exclamation.

Bref, nous pénétrions déjà dans le monde nouveau d’un texte

 inconnu.

Nous jugions déjà le style de l’auteur : longueur des phrases,

 richesse du vocabulaire, souplesse ou rigidité de la pensée, 

l auteur se dévoilait peu à peu. 

Quand nous reprenions nos plumes, nous étions concentrés. 

soigneux, intéressés, inquiets, certes , car nous ne connaissions

pas tous les mots que nous avions entendus. .

Mais nous nous mettions au travail, le buvard sous la main, 

avec sérieux et humilité. .

La dictée nous enseignait le passage quasi miraculeux de

 l’oral à l’écrit, nous donnait donc naturellement le sens de

l abstraction, si difficile à faire naitre dans l esprit d un enfant 


Françoise de Oliveira





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